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Un avis de théologienne sur les questions d'actualité

30 janvier 2009

Tempête ou brise?

Il est à peu près certain que nous n'avons pas encore fini de parler de la réintégration des évêques traditionnalistes, avec le débat inerne qui est posé des propos négationnistes de l'un d'entre eux. Je voudrais dans ces pages synthétiser des propos que j'ai déjà tenus.
Ce qui dérangeait le plus l'oecuméniste que je suis, c'était le fait qu'au départ, aucune mention d'une reconnaissance du concile Vatican II  par ces évêques ne semblait demandée. Ce que vient de contredire Benoît XVI lors de l'audience générale de mercredi, puisqu'il semble désormais que ce point sera évoqué. La réponse de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X sera décisive, à mon sens, car il s'agira de savoir s'ils rompent avec la ligne directrice que Mgr Lefèbvre a imprimée à son institut.
Il ne faut pas se leurrer sur un point: le schisme traditionnaliste est une véritable souffrance au sein de l'Église catholique, une écharde plantée dans leur chair, si vous me permettez de paraphraser st Paul. Replaçons-nous dans le contexte: le concile Vatican II, et l'aggiornamento qui en découle, amènent l'Église catholique à se rapprocher du monde moderne. L'ecclésiologie défendue lors de ce concile ramène le laïc, le fidèle, au premier rang, place qui est confirmée par le nouveau Code de Droit Canonique (promulgué en 1983), tandis que l'on restaure le diaconat permanent; bien que de grands débats existent sur sa fonction, on ne peut ignorer que c'est un pas marquant vers une Église dont le ministère ordonné ne se cantonne plus uniquement aux hommes célibataires. Bien que Paul VI ait eu, en matière de moeurs, une position aujourd'hui qualifiée de conservatrice (Humanae vitae), on ne peut nier que les avancées de ce pape en matière d'oecuméisme n'ont pas, à ce jour, d'équivalent parmi ses successeurs (je rappelle que c'est lui qui, en 1963 leva l'excommunication envers les orthodoxes, aussitôt imité par le patriarche oecuménique Athénagoras). Le concile a produit des fruits, innombrables, et qui, 40 ans après, sont persistants. Et voilà que dans les années 70, une réaction se fait, qui nie tout ce que le concile a apporté, parle d'une désorganisation, d'une faillite, et va jusqu'à accoler les adjectifs "démoniaque", "sataniste", à cette oeuvre de réconciliation. L'excommunication a été vécue douloureusement, aujourd'hui, je le vois quand j'en parle avec des prêtres qui ont vu se produire cette séparation.
Il est certain qu'aujourd'hui, chacun a pris un chemin distinct: l'Église catholique poursuit le débat, à tâtons, lentement. Je peux cependant témoigner d'un vrai travail intellectuel, renforcé par la pastorale, notamment à l'Institut Catholique de Paris, d'une volonté de dialogue (je rappelle qu'en France, nous avons le Groupe des Dombes, véritable lieu oecuménique de travail profond et bienveillant, même quand ils abordent le sujet de Marie) et d'une écoute de la société. Les traditionnalistes se considèrent comme des résistants, mais justifient sans cesse leur recours à la tradition et leurs positions. Autant l'on parle des tendances politiques actuelles de l'Église cahtolique, autant personne n'ignore que les traditionnalistes ont des sympathies marquées dans les milieux d'extrême-droite, mais sans en parler plus que cela. Au bout de trente ans, l'on se demandait comment l'Église cahtolique, qui n'avait jamais rompu le dialogue, pourrait essayer de rétablir l'unité, ce qui était un but affiché dès le début.
On peut considérer que le procédé utilisé n'est pas bon, n'est pas juste. On peut regretter que le pape soit aussi diplomate et sache aussi bien utiliser les mots. Mais on peut également demander au pape de bien vouloir se souvenir que son Église est également en dialogue avec d'autres Églises, qui ne sont considérées par les traditionnalistes comme des regroupements d'hérétiques plus ou moins nuisibles (les protestants, en particulier, sont particulièrement attaqués dans ces milieux). Si les traditionnalistes réintègrent l'Église catholique, il leur faudra un effort de conversion profond. S'ils le font, ce sera à nos Églises de le faire, en se souvenant du mot pardon.
Mais chaque jour approte son lot de précisions, et le point final ne sera probablement écrit que quand le décret sera publié, et la réponse donnée. Ce qui peut prendre encore du temps, tant les médias dissèquent à volonté chaque mot du pape.
D'ici là, nous continuerons à observer le plus attetivement possible ce qu'il se passe.

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Un avis de théologienne sur les questions d'actualité
  • Etudiante en théologie (protestante et oecuménique) et en histoire, je me propose dans ces pages de commenter ce que les médias nous disent des religions, et les débats entre société et religion.
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